Résumé :
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Les premières manifestations du talent de Giacometti, même si elles se réclament des acquis alors généralisés de l'avant-garde des années 1920 et 1930 (formes cubisantes, volumes compacts venus d'Afrique et des Cyclades, ou volumes évidés des objets à fonctionnement symbolique d'esprit surréaliste), le conduisent inexorablement vers 1935 au constat d'une fuite du réel, hors d'atteinte jusqu'au vertige. Tout le reste de sa vie, comme l'explique cet ouvrage, va consister, à travers le retour de la figure, à exorciser ce vide existentiel et formel. Comment reconquérir plastiquement le sentiment de la présence de l'être dans l'espace ? Inlassablement, Giacometti va tenter d'asseoir son volume contingent, de plus en plus filiforme, et de saisir sa finitude dans une réalité, aussi banale soit-elle. Alors vont surgir et les têtes et les nus modelés dans le vide, dans cette expérience du néant qui s'oppose à sa quête de l'absolu : telle une métaphore de la condition humaine. " Ouvrir les yeux sur le monde comme s'il venait de surgir pour la première fois ", dira Jacques Dupin. Les témoignages et réflexions écrits par Giacometti, y compris dans sa période surréaliste, sont confondants de justesse et de poésie. Il y livre avec émotion ses doutes, sa souffrance et ses espoirs de créateur comme rarement artistes ont pu le faire.
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